Pandagogue
Précoce, TDAH, hypersensible etc : et après, on fait quoi ?
Aujourd'hui, on diagnostique énormément. On compte dans chaque classe en moyenne un tiers d'enfants à besoin éducatif particulier, c'est-à-dire présentant un trouble qui nécessite une prise en compte particulière au sein du groupe. C'est dire comme l'attention est portée sur les besoins, les spécificités de chacun. Certains parents courent après le diagnostique comme après l'explication qui les déculpabilisera et fera accepter par la société les difficultés de leur enfant, d'autres au contraire fuient les étiquettes et estiment que leur enfant, quelles que soient ses spécificités, doit s'adapter.
A mon sens, comme souvent, c'est dans l'entre deux que se trouve la position juste. Diagnostiquer, c'est important. Pour les parents d'abord, souvent la cible des critiques d'un entourage plus ou moins proche qui accuse, donne des leçons, juge. Pour l'enfant ensuite, qui subit aussi sa différence et a besoin qu'elle soit reconnue et expliquée. Pour l'entourage enfin, enseignants, camarades, famille, pour comprendre et mieux accepter. Attention toutefois à quelques écueils, souvent rencontrés :
* Le diagnostique-étiquette : l'enfant se trouve réduit à son trouble, qui devient comme une identité. Il devient par exemple le dyslexique de la famille et n'est plus vu que sous cet angle.
* Le diagnostique-graal : être précoce, ce n'est pas une gloire, c'est une spécificité et souvent une difficulté. Ce n'est pas la récompense du parent, le symbole de sa réussite !
* Le diagnostique-savon : celui qui lave les mains, déresponsabilise. Le diagnostique doit déculpabiliser (être parent d'un enfant avec un trouble du comportement, par exemple, c'est très culpabilisant et il est bon d'être rassuré et délesté de l'idée d'une erreur, d'une faute...) mais pas déresponsabiliser (... pour autant, on ne baisse pas les bras, on ne s'en tient pas au diagnostique, on cherche au contraire, grâce à ce diagnostique, la meilleure façon d'aider son enfant).
En somme, le diagnostique est un outil. Il ne clôt pas le chemin, il l'ouvre. C'est à partir de là que l'on peut mettre en place ce qui sera nécessaire pour l'enfant, sans jamais perdre de vue la bienveillance mais aussi l'exigence :
* La bienveillance car il en faut pour accepter et accompagner dans la difficulté un enfant, qui subit lui-même, rappelons-le, son trouble.
L'exigence car l'objectif reste le même pour lui : se construire de façon à pouvoir s'épanouir dans le cadre de notre société. Impossible donc de renoncer au cadre, même s'il a des difficultés à l'accepter. Gardons en tête cet exemple : on n'hésite pas à faire s'exercer deux fois plus un enfant qui peine à apprendre à lire, n'hésitons pas non plus à mettre deux fois plus d'énergie dans l'apprentissage du cadre par un enfant qui peine à l'intégrer.
Et vous, qu'avez-vous fait une fois le diagnostique posé ?